Le “parcours du document”, mon système bien rôdé d’organisation bibliographique

J’ai toujours eu le goût de l’organisation, et l’envie dans chaque domaine de ma vie de mettre en place les outils et les techniques qui me permettraient d’être efficace, de m’y retrouver (et de retrouver des informations même après plusieurs mois), sans que cela soit une charge trop importante au quotidien. Quand j’ai débuté ma thèse, j’ai aussitôt commencé à appliquer ces principes à chacun de ses aspects. Le premier à en bénéficier, et peut-être aujourd’hui encore le plus important, est ma bibliographie. De la veille documentaire à l’intégration dans la bibliographie finale, j’ai mis en place une sorte de “parcours du document” qui varie peu quelle que soit sa nature (ouvrage, article, conférence, etc.). J’utilise cette méthode depuis plus d’un an à présent, et j’en suis très satisfaite. A l’époque, je m’étais inspirée des méthodes partagées par d’autres personnes sur leur carnet ou leurs réseaux, et cela m’avait facilité la tâche, en plus de m’inspirer. J’ai donc eu envie de vous partager à mon tour ce parcours du document si précieux dans mon organisation.

Des réseaux sociaux aux agrégateurs de flux, entre veille documentaire et trouvailles

La toute première étape dans la mise en place de ce parcours a été d’identifier les sources qui allaient me permettre de trouver des documents pertinents en relation avec mon sujet de thèse, mais aussi avec les sujets proches susceptibles de nourrir ma réflexion. En l’occurrence, j’avais d’abord besoin de collecter des références en études théâtrales, et dans une moindre mesure en études migratoires. C’est surtout pour les premières que j’ai sélectionné des outils spécifiques de veille documentaire.

Concrètement, ceux-ci sont de trois types. Il y a d’abord les flux RSS. C’est un outil très utile, mais malheureusement pas toujours disponible. Quand un site le propose, s’abonner à son flux RSS via un agrégateur de flux permet d’en recevoir toutes les nouvelles publications. J’utilise l’agrégateur InoReader, dans sa version gratuite qui me suffit amplement. J’y reçois les mises à jour principalement de Fabula, site associatif sur lequel paraissent l’essentiel des appels à communication, annonces de colloques et parutions d’ouvrage dans mon domaine de recherche et d’autres domaines proches. Mais je suis également abonnée aux flux RSS de nombreux carnets Hypothèses, sur des sujets parfois très différents du mien. Mon second outil est un grand classique : ce sont les listes de diffusion et autres newsletter. Outre celle de mon laboratoire et de mon école doctorale, je me suis abonnée à deux listes de diffusion par mail : Dramatica, qui est la référence dans mon domaine, et DH pour les humanités numériques. Je lis rapidement tous mes mails à réception, je supprime ce qui ne me concerne pas, et j’attribue un code couleur au reste pour y revenir dans un second temps. Enfin, je me sers beaucoup des réseaux sociaux, et en particulier de Twitter. Sur ce dernier, sur lequel j’avoue passer pas mal de temps pour le plaisir (même si de moins en moins avec les dernières évolutions qu’il connaît), j’ajoute à mes signets tous les messages que je vois passer sur un thème qui peut m’intéresser. J’y suis de nombreuses associations et chercheur·euses, et c’est là que je fais finalement le plus de trouvailles.

Mettre de côté toutes ces informations susceptibles de m’intéresser n’est qu’une première étape, qui ne me demande guère de temps grâce aux automatismes de chaque outil. Il me faut ensuite les trier, conserver celles qui me sont vraiment pertinentes, et les mettre de côté une seconde fois, mais de manière plus pérenne. J’y consacre environ une heure chaque semaine, souvent en début de semaine (c’est une tâche que je trouve motivante, alors j’aime commencer par là !). Je parcours dans InoReader, dans ma boite mail et mes signets Twitter tout ce que j’ai enregistré, j’ouvre chaque lien pour en prendre connaissance, en détail si c’est informatif, en un coup d’oeil si c’est un article (juste pour m’assurer qu’il m’intéresse). A la fin, il me reste un grand nombre d’onglets ouverts, tous intéressants, qu’il faut maintenant ranger au bon endroit pour pouvoir y revenir en temps voulu !

Tout bien ranger pour tout retrouver

Dans cette deuxième étape, c’est la nature du document ou de l’information qui va déterminer la suite de son parcours. S’il s’agit d’une information concernant un évènement, j’ajoute celui-ci à mon agenda sur Notion. Je lui crée une fiche avec les informations essentielles, sur laquelle je mets une notification de rappel dont le délai diffère selon que je souhaite faire une proposition de communication ou simplement assister à l’évènement. S’il s’agit d’un appel à contributions pour une revue auquel je souhaite répondre, je vais également créer une fiche Notion assortie d’un rappel, mais dans la partie que je dédie à mes travaux de rédaction. Si la deadline est proche, je garde souvent l’appel ouvert dans un onglet pour m’y pencher dans les jours suivants.

La plupart des articles que je repère sont également envoyés directement dans Notion, cette fois dans le template dédié à ma bibliographie. Leur fiche est créée avec simplement le titre, le nom de l’auteurice et de la revue, et le lien pour accéder à l’article. Si un pdf est disponible, il m’arrive souvent de le télécharger sur mon ordinateur et de l’inclure dans la fiche, ce qui me permettra d’y revenir sans être connectée. Je fonctionne de la même manière pour les ouvrages papier. Chaque fois que j’en repère un, dans une bibliographie ou en bibliothèque, je lui crée une fiche bibliographique dans Notion.

Certains articles sont en revanche stockés sur mon compte Pocket. Il s’agit surtout d’articles de médias, sur lesquels je ne suis pas certaine de revenir, ou d’articles qui m’intéressent mais ne sont pas en lien avec ma thèse et n’entrent donc pas dans ma bibliographie. En gros, tout ce qui est mis sur Notion doit être lu, et tout ce qui est mis sur Pocket constitue un bonus. Il m’arrive également de lire certaines choses, notamment des billets de carnet Hypothèses, directement. Dans ce cas, je saute l’étape du rangement provisoire et les classe, si je juge cela nécessaire, immédiatement après lecture.

Un classement pérenne et tenu à jour

Le rangement provisoire que j’effectue me permet de retrouver chaque document même plusieurs mois après l’avoir repéré. Evidemment, les documents s’accumulent bien plus vite que je ne suis capable de les lire, mais grâce à ce système, ils ne sont jamais perdus ! Dans le cas des appels à communication ou contribution, j’y reviendrai au meilleur moment, celui défini par ma notification de rappel. Je préparerai ma proposition directement dans la fiche Notion créée au moment du rangement. Ainsi, je constitue au fur et à mesure dans Notion une archive de tout ce que j’ai pu proposer, doublée par une sauvegarde sur mon disque dur lorsque j’exporte la fiche pour finaliser la mise en page. Dans mon agenda Notion, chaque fiche d’évènement me permet également de prendre des notes le jour J.

En ce qui concerne les articles et les ouvrages, c’est également leur fiche Notion qui centralise mes notes de lecture. A l’issue de ma lecture, je crée un doublon de cette fiche dans Zotero. Elle sera bien évidemment plus complète au niveau des informations bibliographiques, et j’y reporte mes notes et citations. Ainsi, ma bibliothèque Zotero ne contient que les lectures achevées. Je les y classe pour l’instant de manière thématique (méthodologie, études théâtrales, études migratoires, Festival Off, etc.), un classement qui ne sera évidemment pas celui de ma bibliographie de thèse mais qui est aujourd’hui le plus pertinent pour me permettre de retrouver rapidement une référence. Dans le cas des ouvrages, j’ajoute un tag pour identifier la bibliothèque dans laquelle je l’ai trouvé, au cas où j’aurais besoin d’y revenir. Je crée également des tags pour chaque communication ou article que je prépare, afin de pouvoir rapidement en extraire la bibliographie.

Je reviens moins souvent dans mon espace Pocket, car je sais que je n’y ai rangé que des références secondaires. Lorsque j’ai un peu de temps libre, c’est là que je vais piocher une ou deux lectures. Si je découvre que ce que je lis a finalement toute sa place dans ma bibliographie de thèse, le document aura droit à sa fiche Notion puis Zotero. Bien souvent, ce sont plutôt des lectures dont je ne conserve pas trace par la suite, ou seulement pour mes connaissances personnelles. Plutôt que Zotero, j’utilise alors Pearltrees pour les conserver. J’aime beaucoup cet outil en ligne, qui permet de stocker tout type de contenu disponible sur Internet, et d’organiser son espace de stockage de manière très personnalisée. J’y ai construit au fil du temps une arborescence complexe, qui est un peu l’équivalent en ligne de ma bibliothèque personnelle.

Mon “parcours du document” s’achève ici, avec chaque ressource classée bien à sa place, dans un espace pérenne (du moins suffisamment pérenne, dont le niveau de sécurité est adapté à ce que je conserve) et un référencement qui me permettra de la retrouver facilement, même plusieurs mois plus tard. J’utilise énormément Notion, car il me permet de centraliser tout ce qui est en lien avec ma thèse. Le doctorat est fait d’activités qui évoluent beaucoup, de changements et parfois de surprises. Savoir que je construis le mien sur des bases organisationnelles solides me permet de ne jamais me sentir perdue dans mon travail !


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Charly André Guibaud (23 novembre 2023). Le “parcours du document”, mon système bien rôdé d’organisation bibliographique. Métathèse. Consulté le 18 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/reff


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